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ALLEGORIE GIBBEUSE

Elle était pleine.

Sa lumière inondait le jardin révélant les formes organiques des végétaux.

Je regardais par la fenêtre.

J’avais du mal à trouver le sommeil.

Mon esprit divaguait, s’enfonçait dans les méandres de rêveries lunaires.

Des formes se dessinèrent.

​​

« Cette nuit-là aussi, il y avait deux lunes. L'une et l'autre étaient en phase descendante depuis deux jours. Aomamé, un verre de brandy à la main, les observa longuement toutes les deux, la grande et la petite, alternativement, comme si elle contemplait un puzzle impossible à reconstituer. Plus elle les contemplait, plus cette combinaison lui paraissait énigmatique. Elle aurait bien aimé questionner la lune, directement. »

 

« Le lendemain soir, il y avait encore deux lunes. La grande était celle de toujours. Elle avait des teintes d'une étrange blancheur, comme si elle venait de traverser une montagne de cendres. 

Mais sinon, c'était le même vieil astre familier. Celui sur lequel, par un chaud été de 1969, 

Neil Armstrong avait modestement fait son tout premier pas de géant. 

Et puis, à côté, il y avait une petite lune verte, à la silhouette déformée. 

Elle se tenait toute penaude près de la grande, comme une enfant coupable. »

 

« Elle ne se départ jamais de son indifférence et garde précisément en elle le lourd passé terrestre. Là-bas, il n’y a pas d’air, pas de vent non plus. Le vide permet certainement de conserver les souvenirs intacts. Personne ne peut dégeler le coeur de cette lune-là. 

Aomamé leva son verre dans sa direction.

 

« Ces derniers temps, as-tu étreint quelqu’un ? » demanda Aomamé à la lune.

La lune ne lui répondit pas.

 

« As-tu des amis ? » demanda Aomamé.

La lune ne lui répondit pas.

 

« N’es-tu pas lasse de vivre ainsi, avec autant de froideur ? »

La lune ne lui répondit pas. «

 

                                                                                       1Q84 Livre 1 Haruki Murakami

                                                    

 

Le soleil se leva. Je m’endormis.

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